"La
peinture doit exprimer cette vie invisible que nous sommes." (Kandinsky)
Quel
est cet écart que je ne cherche pas à mesurer avec les mots, entre ma réalité
et la réalité devant mes yeux?
La
représentation juste du réel, c'est cela l'objet de ma recherche ! Elle n'est
pas exacte, pas même tangible; elle prend des libertés : formes, couleurs,
contingences de la matière, résistances de toutes sortes, l’oubli,
l’inattention, la somnolence sont
ma routine ; mon réel est-il toujours à la hauteur de mes attentes ? Non mais
je souhaite rendre visible, par la peinture, cet intervalle, ce presque rien
qui change tout.
Les
références et le reconnaissable ne disparaissent pas car tout concourt à rendre
connaissable (par l'oeuvre) un prisme de vision qui va faire fléchir, réfléchir
ou/et disperser nos filtres de spectateurs. L'abstraction est dans la tête du
spectateur pas dans l'oeuvre. Nous avons d'abord au delà de l'aspect purement
visuel et en complément car il n'est pas négligeable (le contexte de la visualisation
d'un objet est lié à nos handicaps respectifs, la myopie par exemple, et aux
conditions d'observation), des impressions suivies de sensations et de cette
autre chose, qui caractérise la finalité de l'art chez celui qui regarde.
Qu'interroge t-il dans une oeuvre abstraite? Sa compréhension? L'énergie
ressentie comme une vibration? Regarder, toucher, écouter à l'intérieur ce qui
nous atteint, est une des missions du regardeur qui s'inscrit dans un temps et
un espace graphique, celui de l'auteur et la projection (quand c'est possible)
du sien. Faire le geste du peintre à sa place, c'est probablement le vivre un
peu.
Si
le tableau ne «représente» rien de connu (un visage, un paysage, etc...), il
est recommandable de l'appréhender non comme un objet de contemplation
esthétique mais comme une exploration sensorielle. C'est par les sens que nous
entrons dans la réalité.
Le Temps Cerise
154 Gd rueLe Temps Cerise
86000 Poitiers
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